Histoire de la violence dans l'aide Humanitaire

L’Humanité et l’Humanitaire en mouvement

Il apparaît difficile de définir une “Histoire de la violence et de la sécurité dans l’humanitaire”. Il semblerait que la violence dans l’humanitaire ait toujours existé. Plusieurs courants se dégagent et tendent à montrer que l’action humanitaire est en perpétuelle évolution. Devant l’Histoire et l’évolution inégales des sociétés, cette problématique se retrouve tout naturellement aujourd’hui sur le devant de la scène. La globalisation a favorisé l’internationalisation de la violence et des conflits. L’analyse des “tendances humanitaires et sécuritaires” est un élément majeur dans la gestion journalière de la sécurité, où que l’on soit sur la planète.
Voici une tentative de chronologie de ces tendances:

2022
Les missiles hypersoniques et les ordinateurs quantiques bousculent les rapports de forces et la géopolitique mondiale.
Le CICR est victime d'une vaste cyberattaque au cours de laquelle les pirates se sont emparés des données de plus de 515.000 personnes extrêmement vulnérables.

2019
Pandémie de Covid-19

2013
Les terroristes utilisent les réseaux sociaux à des fins de propagandes. Lors de kidnapping, les terroristes informent les médias et le grand public et mettent en défaut les Gouvernements.

2012
Dans les médias d’information (télévision, radio, etc.) nous pouvons constater une explosion du nombre d’informations provenant des ONG et nous pouvons nous demander quelles sont réellement ces « ONG » et quels sont leurs mandats ?
Instrumentalisation de l’action humanitaire et confusion totale dans le management de la sûreté et de la sécurité entre les opérations Civilo-Militaires, Compagnies privées de sécurité, Agences UN, ONG et les autres Entités et Institutions Humanitaires
(Exemple de Haïti).

2010-2011
(Mai 2011) Plus de 1000 jeunes femmes Américaines ont été violés ou ont subi des violences sexuelles ces 10 dernières années travaillant comme volontaires de Peace Corps dans des Pays étrangers.
(Mai 2011) Oussama Ben Laden est tué au Pakistan par les services spéciaux américains.
(Décembre 2010) 250.000 documents secrets US divulgués par wikileaks
(Janvier 2010) séisme majeur (7.2) en Haiti.
DISA (Defense Information System Agency) est testé par l’Armé Américaine.

2008-2009
l’OMS déclare la phase 6 (pandémique) pour le virus A/H1N1 en juin 2009.
Une crise financière mondiale affecte les budgets des activités humanitaires.
De nouveaux types d’armes “depleted uranium”, “micro-ondes”, “acoustiques”, “lasers”... sont testés et utilisés (Irak...) sur des zones de conflit. Certaines de ces armes sont mises en scène dans des productions cinématographiques et produites en grand nombres pour des utilisations civiles (contrôle des foules).

2002
Le terme “Ad-Hoc” fait son apparition dans l’action humanitaire et est utilisé à tort et à travers pour souvent justifier un réel manque de préparation et d’organisation des activités et de la gestion de la sécurité.
“La guerre contre le terrorisme” justifie l’utilisation de la violence. La torture utilisée contre le terrorisme est mise en scène pour une acceptation grand public dans de nombreuses productions (films, séries télévisées...). De plus en plus de violations du Droit Humanitaire International sont constatées, Le nombre d’humanitaires tués chaque année grandit, le mouvement croix rouge et de grandes ONG sont en crise. Les “formations spécialisées en sécurité” pour les humanitaires apparaissent...


Les organisations humanitaires se retrouvent face à de nouvelles contraintes qui les dépassent ce qui met en péril l’action humanitaire et de ce fait son personnel.


XXIe siècle
Privatisation de la guerre, avec une systématisation de l’utilisation de mercenaires, paramilitaires, milices ou encore entreprises privées de sécurité dans les zones de conflit et d’action humanitaire.
Transformations géopolitiques internationales depuis la chute du mur de Berlin et le 11 septembre 2001:
Les armées changent de rôle. Elles cherchent de nouvelles fonctions, notamment dans le champ de l’humanitaire. Dans leurs actions, elles cherchent à être reconnues et appréciées des populations, afin de “justifier” leurs interventions politiques.
Les contrats entre les “entreprises de sécurité” et les Etats représentent 100 Milliards de Dollars Américains.


La confusion entre l’action humanitaire et les interventions militaires est totale.


La plupart des pays du Nord durcissent de plus en plus leurs positions sur l’immigration. Nous pouvons assister à un véritable choc des civilisations et à des renfermements communautaires. Ceci a des impacts sociaux et idéologiques importants qui nuisent aux organisations humanitaires internationales qui restent les organisations qui sont visibles et facilement approchables de par leur présence auprès des populations en situation de crise et candidates potentielles à une immigration vers les pays du nord.

On assiste à une transformation voire à un affaiblissement des liens sociaux et la question de la survie de l’humanité se profile à l’horizon à cause des incertitudes du monde de tous ordres. Elle n’est plus assurée. Les urgences humanitaires sont un des lieux d’observation d’une telle évolution.

Dans un tel contexte où, d’une part, la gouvernance étatique et interétatique est affaiblie et d’autre part, les problèmes augmentent, on voit les ONG proliférer. Une montée de la gouvernance des ONG sur la scène internationale montre l’ampleur de la crise, mais qui peut la résoudre?


Les ONG sont dépassées par l’ampleur des problèmes qu’elles affrontent. Dans un contexte de profonde transformation et de violence, la sécurité des professionnels de l’action humanitaire devient un enjeu majeur dans l’action humanitaire.


Triple crise idéologique, caractérisée par un essoufflement des Etats, une remise en question de la notion de progrès ainsi que la notion de temps. Depuis l’avènement du système international d’Etats-nations, l’Etat a été considéré comme représentatif d’un ensemble de personnes formant des communautés politiques en lien et supposées toutes égalitairement traitées. Un phénomène de décentralisation est apparu, après le constat des limites, voire d’échec de “l’Etat Nation”. La perte de puissance des Etats a amené entre autre une décentralisation ayant pour but “d’assurer une paix sociale”, les collectivités locales étant plus proches du terrain et aussi d’assurer une meilleure gouvernance.

En Palestine, le HAMAS, parti politique considéré comme “terroriste” est élu démocratiquement et s’installe au pouvoir d’Etat, mais quel Etat ? Le Gouvernement hollandais traîne en justice MSF, une ONG ayant reçu le prix Nobel de la paix pour récupérer l’argent d’une rançon payée pour la libération d’un expatrié kidnappé.

Le progrès technique a été mis en avant comme étant le fer de lance du développement. Avec les nombreuses situations d’incertitude qui apparaissent sur la scène politique (OGM, vache folle, nucléaire…), le progrès de la technique soumise aux buts du marché est sérieusement remis en cause aujourd’hui. Actuellement, la marge de manœuvre des Etats diminuant, la grande majorité des décisions sont prises sur le court terme et en fonction d’échéances électorales et non de besoins fondamentaux qui exigeraient une planification structurée.

Le champ lui-même de l’action humanitaire est hétéroclite. Les ONG de petites ou de moyennes tailles ont de fortes contraintes si elles veulent remplir les objectifs qu’elles se sont fixés. Elles sont confrontées à la concurrence dans la recherche de fonds monétaires. Il leur faut trouver des fonds pour survivre (acquérir suffisamment de fonds propres), en réalisant des projets clairement gouvernementaux parfois en désaccord avec leurs objectifs. Les tentatives d’instrumentalisation des ONG sont réelles. Il n’est pas étonnant que certaines de ces organisations soient appelées des “quasi-ONG” ou encore “ONG Etatiques”. Le plus souvent ces projets concernent le transport des réfugiés et des personnes déplacées, le management de camps de réfugiés (HCR), les cantines scolaires (PAM), le tout financé par les agences des Nations Unies.

2001
Le “11 Septembre 2001” va définitivement modifier en profondeur les philosophies d’approche d’aide humanitaire et de développement. La communauté internationale est amenée à prendre des positionnements idéologiques forts. L’aide de la coopération au développement va s’en trouver affectée et l’aide humanitaire des ONG remise en question.

1989
Chute du mur de Berlin.

1994
La mondialisation de Christophe Colomb a connu d’autres étapes (colonialisme, impérialisme, globalisation financière). Dans ce cadre, une grande majorité des pays, pour la plupart fondés suite aux mouvements de décolonisation, veulent contrôler leur destin et jouer un rôle dans le monde. “L’Uruguay round”, qui donna ensuite naissance à l’OMC, montre bien que la majorité des pays “du Nord et du Sud” souhaite le libéralisme. (en 2000, sur 77 mesures de libéralisation, 58 ont été unilatéralement acceptées par les Etats). Cependant, chaque pays a sa propre façon de voir la mondialisation, il existe donc une multitude de “mondialisation” et de courants idéologiques qui l’accompagnent. Le cadre actuel de la mondialisation n’est pas forcément propice à poser et à résoudre la question de la sécurité dans l’action humanitaire.

1947-1991
La guerre froide apporte une rupture importante pour la coopération au développement et l’aide humanitaire. Les ONG se dressent à l’encontre même de leurs gouvernements pour apporter une assistance aux populations. On commence à assister à une réelle “structuration de l’aide”. Dans le même temps, l’effondrement du monde bipolaire est-ouest se traduit par la multiplication des conflits régionaux, allant de pair avec une multiplication des incidents de sécurité.

1949
Mr Harry Truman, alors président des Etats-Unis, utilise pour la première fois l'adjectif "sous-développé". Deux milliards d'habitants vont alors avoir le sentiment de perdre leur spécificité, leurs cultures et leur identité pour entrer dans une catégorie indifférenciée. L'idéologie du développement de type hégémonique vient prendre le relais de l'idéologie coloniale. Les “approches intégrées” font leur apparition (PRT en Afghanistan…), financées et soutenues par des grands bailleurs internationaux (USAID, DIFID) et des ambassades.

1948
L’héritage réglementaire et institutionnel apporté par Henri Dunant et le mouvement croix rouge prend une ampleur planétaire par l’intermédiaire du CICR pendant la seconde guerre mondiale.

1945
La création de l’ONU (charte de San Francisco) avec les notions de “guerre juste”, “droit d’ingérence”, “assistance humanitaire”, “intervention humanitaire” et “intervention d’humanité” provoque une réadaptation des approches de l’aide humanitaire et de la coopération au développement.

XXe siecle
“Explosion de la bulle de l’aide humanitaire”, avec les mouvements “tiers-mondistes” et “Sans Frontiérismes” et la création d’un grand nombre d’ONG (MSF, Emmaüs...) d’une part, et le développement des agences d’Etats d’aide au développement d’autre part avec par exemple l’AFVP (Agence Française des Volontaires du Progrès), créée par le Ministère Français de la Coopération pour des projets de développement basés sur le mode du partenariat. Beaucoup de nouvelles notions font leur apparition: Ingérence, neutralité, relations entre l’humanitaire privé et l’humanitaire d’Etat...

1862
Déclaration des droits de l’homme.

1859
Convention de Genève et Conventions annexes.
Henri Dunant, grâce à son observation des champs de batailles de Solferino “devant la mort, chaque personne était égale et même solidaire”, est l’un des pionniers qui eut la volonté de “réglementer” les conflits ainsi que l’aide humanitaire. S’il montre un fort intérêt pour les “victimes”, il ne semble pas particulièrement préoccupé par sa propre sécurité ni par celle des agents humanitaires de son époque. Rappelons qu’il lança le mouvement de la “Croix Rouge”, organe d’intervention neutre dans les conflits armés.


Malgré un contexte à priori favorable pour accorder du poids à la sécurité dans l’action humanitaire, une lecture des textes de cette époque montre qu’elle n’était pas encore une préoccupation de premier ordre. 


XVIIIe - XIXe siecles
Le siècle des lumières transforme la place des hommes dans le monde. L’homme est au centre du monde et domine la nature grâce au développement scientifique et organise une nouvelle vision politique basée sur des philosophies du contrat et des droits de l’homme.
L’héritage philosophique et politique du siècle des lumières: Rousseau, Voltaire, Diderot... ont par leur humanisme, apporté beaucoup à l’action humanitaire et à la liberté de l’Homme. Ils ont remis en cause les dogmes de la religion et de la superstition. Lors du tremblement de terre de Lisbonne en 1755, l’Eglise proclama qu’il s’agissait “de la main de dieu”. Rousseau s’insurgea et affirma qu’il s’agissait d’une catastrophe naturelle et que “l’Homme devait essayer de dompter la nature”. S’ensuivront l’abolition de l’esclavage et la décolonisation au début du XIXe siècle.

1492
La découverte de l’Amérique par Christophe Colomb et de l’Afrique par les Européens apporta une vision révolutionnaire du monde. Nous pouvons affirmer qu’il s’agissait d’une forme de mondialisation, les colonisateurs voulant organiser le monde, essentiellement les ressources naturelles et les flux de population.


La sécurité n’est pas considérée comme un problème et un frein aux activités ni une contrainte handicapante.


XIIe - XIIIe siecles
Deux interprétations et/ou concepts majeurs qui ont marqué les pratiques de ‘dons’ et “d’aides humanitaires” :
“Nous devons changer le monde, refuser la fatalité”
“Il y aura toujours des pauvres et de la misère, c’est le destin”

XIe - XIIe siecles
Les Templiers en croisade qui massacrèrent ou aidèrent en fonction de l’appartenance religieuse rencontrée.

-384av JC
Saint Louis mit en place “l’ordre des mendiants”
St François, Cicéron, Aristote, Jésus... 

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